Portraits et autoportraits

Fille de photographe, Psychétic a depuis toujours une attirance particulière pour l'objectif, devant lequel elle n'hésite pas à s'exposer. Naturellement elle joue le jeu le temps d'une pose.

Dans un premier temps, elle travaille le thème de l'autoportrait, le confondant à quelques stéréotypes.
Pour le projet "Intr'1 Secte" (exposé au café culturel de la Vapeur du 07 avril au 02 mai 2006 à Dijon), elle propose à six photographes, différents par leur parcours, leur manière de travailler, leur technique, leur esthétique, leurs univers et dans le rapport qu’ils entretiennent avec elle, de la mettre en scène avec ses créations.
Ce projet est marqué d’un certain narcissisme. Pourtant, même si on la retrouve sur chacune des photos, elle ne contrôle pas forcément ce qu’elle a créé. Elle est le sujet (de la photographie) et l’objet (du photographe). Se donnant comme défi de laisser son image dans les mains d’autrui: une image volatile, et pourtant si manipulable.
Voilà qu’elle se cherche, et que par les yeux d’un autre, elle se trouve, par fragment. Une facette d’elle-même, jouée et pourtant bien réelle! Le photographe métamorphose ses fantasmes et ses failles intimes (à elle, ou à lui). Un réel échange, la jonction de deux mondes différents, où chacun aime chez l’autre ce qui est un peu de l’autre.

.Projet "Intr'1 Secte". Photographies: entre stéréotypes et sciences-fiction.

« Araknide », triptyque photo - «graphique», a été réalisé par Roxanne Gauthier le samedi 25 février 2006 chez Psychétic, rue Berbisey (à Dijon), de 17h30 à 02h30 le lendemain matin.

Après le montage épique de trois fausses toiles d’araignées -destinées, peu de temps avant, à illustrer Halloween dans un bar-, elle a choisi de faire poser le sujet dans une robe chasuble blanche rappelant le milieu hospitalier, avec les cheveux relevés sur la tête en pétard, coiffure type des années 80. Au départ, elle avoue s’être lancée dans cette aventure excitante sans s’être réellement projetée dans la mise en scène à créer ; l’improvisation et la spontanéité font partie de sa façon de travailler. Ce n’est qu’une fois chez Psychétic qu’elle s’est imprégnée de l’ambiance donnée par le jeu de lumières filtrées, les toiles d’araignées tendues, le personnage du « savant fou » et l’insecte mutant. Elle s’inspire aussi beaucoup de stéréotypes tout droit sortis de bande-dessinées, de films, de films d’animation, en l’occurrence pour cette série de photos, il s’agit d’un mélange des personnages de Sally, infirmière dans « L’étrange noël de Monsieur Jack » de Tim Burton, et du personnage du savant fou hirsute, qui trône dans de nombreux dessins animés.

Après une première séance en plan général avec un éclairage jaune-rouge et une sensation d’insatisfaction et quelque part, de déception par rapport à cette aventure palpitante tant attendue, elle a décidé de créer un éclairage jaune-vert, plus froid et donc plus proche du milieu hospitalier-laboratoire. Elle a pu s’approcher du sujet en s’infiltrant dans les toiles d’araignées visqueuses. Les images réalisées au cours de cette deuxième partie ont été beaucoup plus concluantes pour les deux. Quel soulagement !

Les couleurs très saturées font partie de l’univers de Roxanne, elles s’apparentent aux excès, variations et métissages de toutes sortes. Ici, nous sommes dans une ambiance un peu ambiguë, qui oscille entre l’effroi et le questionnement ; le personnage est également ambigü : s’agit-il d’une simple infirmière ou d’un chercheur en laboratoire ? Nous pouvons y voir un dédoublement de la personnalité ou un doute par rapport à notre place dans la société, qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre ?
Cet insecte arachnide mutant, à la carapace spiralée et aux multiples yeux jaunes, interroge d’abord le chercheur qui l’étudie de très près (photo en haut à gauche), le fascine, puis l’effraie (champ en plongée de l’insecte au personnage, tassé et rapetissé en bas).

Pour Psychétic, il émane de cette photo une ambiance identique à celle des comics américains de la fin des années 70. Couleurs saturées, contraste de rouge et de vert, un univers étrange où règne cette bête, un spécimen jusqu’à présent méconnu, une nouvelle espèce qui surprend les chercheurs de part sa taille et son aspect.

« ôm. Amen à Lo » a été réalisé par Val.da le jeudi 2 mars vers 21h30 dans l’appartement de Psychétic.

L’idée de départ de Val.da était une poupée victime d’un mille-pattes, attachée par ce dernier sur un matelas par les poignets et les pieds ! Puis la photographe a voulu voir dans le mille-pattes un objet de plaisir (cf. sa forme phallique) et un moyen de procréation. Le sujet étant alors une mère porteuse d’une nouvelle espèce, assurant en quelque sorte la survie de l’Homme. En cela, elle apparaît sous l’iconographie religieuse de la mère à l’enfant (connue dès l’antiquité), ou d’une déesse indoue (en rapport évident avec la fécondité)…

« A mort Toxi cocci » a été réalisé par Sydys le Vendredi 3 mars 2006 dans l’ancien hôtel restaurant « La Reine Margot » à Longvic, devenu une zone sinistrée, un site fermé au public par cause de pollution.

Arrivés dans cet endroit insalubre et quelque peu terrifiant, il a fallu trouver le lieu idéal pour la prise de vue. Choses qui n'a pas été facile étant donné le nombre conséquent de pièces de cet ancien hôtel. Les portes qui claquent, les bris de verre, les matelas éventrés et les papiers peints arrachés, une ambiance glauquissime qui n'a pas pour autant repoussé nos aventuriers. Une montée d'escalier, le plafond qui laisse passer la pluie, la lumière qui baisse rapidement, Psychétic se pare d'un masque à gaz et d'un flingue pour traquer la bête. Tuer pour survivre, Traquer pour jouer. Une guerrière impénitente tout droit sortie d'un film de science-fiction.

« Champ de tulipes » a été réalisé par Gabriel Quiquemelle le lundi 06 mars 2006 entre 13h00 et 15h30. L’appartement de Psychétic a été pour l’occasion aménagé d’un volume de tissus noir sur lequel a été projeté l’image d’un champ de tulipes, un des fonds d’écran proposé par windows. Voilà notre sujet qui prend l’air artificiel de Mr Gates ! Le soleil à l’air de frapper fort, et elle se couvre les yeux…On doute alors sur la nature des rayons. Et ce scorpion qui lui grimpe sur la cuisse droite, n’aurait-il pas subi une attaque nucléaire ?

« Re-Order » a été réalisée par Jérémie, Sam et Jb, le dimanche 18 mars 2006 vers 23h30 dans le couloir du 89 rue Berbisey. Pour « Intr’1Secte », les trois compères se sont chargés de manière très professionnelle, de la prise de vue de Psychétic avec l’abeille. Traquée par une jeune châtelaine en jupon, qui semble indéniablement vouloir protéger son domaine, la bête a peur et ne trouve pas d’issus aux multiples coups de feu.

« Psychébulle » réalisé par Roseline Pornin le mercredi 22 mars 2006 dans l’appartement de Psychétic. Au départ, Roseline souhaitait que le sujet soit suspendu, non loin d’une mare ou d’une rivière, à la branche d’un arbre et enveloppée de film cellophane à la manière d’un cocon. Ce qui a été testé la veille mais sans résultat positif. Elle ne baisse pas les bras, garde cette idée mais pour la développer en intérieur. Elle souhaite garder un côté végétal et quelque peu aquatique à sa photo. Elle utilise alors une vidéo projection. Elle entoure le sujet de cellophane, lui place des ailes dans le dos (qu’elle a fabriqué auparavant) et une paire de lunettes rondes sur le nez, un rappel aux grands yeux de la libellule.
Ici l’insecte n’est plus un ennemi, il est l’égal de l’homme, lui-même devenu un peu insecte.